J'ai testé pour vous : Grincheux à la RATP

Parfois, les employés de la RATP sont aussi sympathiques que des méduses croisées avec des poissons électriques. La scène explicative qui va suivre se déroule par une matinée d'été à une heure matinalement matinale dans une gare de la banlieue sud de Paris que je ne nommerai pas (un indice tout de même pour les initiés: c'est la gare génovéfaine).

Donc, si vous avez autant de chance que moi, vous attendez 5 bonnes minutes que le monsieur-du-guichet-RATP ait fini de parler de la soirée de drague en boîte de la veille sa discussion de travail avec son collègue. Au bout de ce temps d'attente réglementaire, le monsieur-du-guichet-RATP, feignant de vous remarquer à l'instant, daigne s'intéresser à votre personne. Sur le coup, vous vous demandez quand même si vous avez un charisme de lombric pour ce monsieur ou s'il y met juste de la mauvaise volonté. Pendant que vous vous posez cette question existentielle, l'homme au guichet range le sourire réservé à son collègue pour reprendre l'expression renfrognée spécialement composée pour les vilains clients qui ont l'outrecuidance de venir acheter des titres de transport à un guichet RATP (nan mais c'est vrai quoi, c'est pas pour rien qu'il y a des caisses automatiques qui en plus, fonctionnent rarement parfois toujours parfaitement !!!).

Donc, le monsieur-du-guichet-RATP lève un sourcil interrogateur en attendant que vous disiez pour quoi vous l'avez dérangé ce que vous voulez. D'une voix tremblante (c'est l'énervement et la peur de se faire mordre par le sympathique préposé), la phrase tant attendue sort de votre bouche "un ticket pour Paris, s'il-vous-plaît". La magie de ces mots produit l'effet escompté et le monsieur-du-guichet-RATP vous balance tend le petit carton violet.

A ce moment-là, vous sortez votre billet de 5 € et tout commence à déraper. Le sympathique monsieur-du-guichet-RATP vous informe gentiment que la monnaie n'est pas acceptée "V'savez pas lire ? On prend pas d'monnaie" en vous montrant un post-it griffonné au crayon à papier dans un coin du guichet que personne ne regarde grand panneau d'information placé bien en vue. Bien, bon, vous tendez votre carte bancaire pour un paiement de 4 euros et des poussières, tant pis.

Pendant que les contrôles de votre carte bleue se déroulent, vous pouvez vous enquérir poliment du pourquoi pas de monnaie alors que d'habitude, etc. et lancer une plaisanterie pour essayer de détendre l'atmosphère (et ne pas y arriver...). Comme vous faîtes l'injure à cet honnête travailleur de poser cette question indiscrète, le monsieur-du-guichet-RATP lance à son collègue d'une voix forte, tous micros fonctionnant, "Y sont pas vrais les gens, toujours en train de se plaindre <voix de fausset> "oui, la RATP, ça fonctionne jamais et gnagnagna" </voix de fausset> mais putain, s'ils sont pas contents, y prennent pas l'métro et y passent leur permis, comme ça ils arrêteraint de nous faire chier à longueur de temps !". Là, si vous êtes un peu remonté(e) et prêt(e) à affronter le flot de rancoeur dont vous avez involontairement ouvert les vannes, vous pouvez rétorquer que vous avez votre permis mais que vous n'avez pas de voiture, rapport à la pollution et que la voiture dans Paris, c'est pas pratique. Le monsieur-du-guichet-RATP, qui a de la suite dans les idées, vous lance un réplique assassine vous montrant qu'aujourd'hui, vous jouerez le rôle de son souffre-douleur quotidien "Ben, z'avez qu'à en acheter une".

Devant la puissance de cette réponse, deux choix s'offrent à vous. Plan A - vous pouvez préparer une argumentation avec le plan en 3 parties, introduction et conclusion pour en mettre plein la gueule à ce malotru pour élever le débat. Plan B - vous prenez conscience que la discussion est stérile et renoncez (si j'en crois ce qu'on m'a répété dans mon enfance, "c'est le plus intelligent qui s'arrête le premier"...;-)). Préférez la deuxième solution surtout si vous avez déjà récupéré votre carte bancaire et le titre de transport si durement acquis.

Cela dit, avant de vous enfuir en courant, offrez-vous le petit plaisir mesquin de demander un plan de métro simplement pour voir les éclairs dans les yeux du brave monsieur-du-guichet-RATP parce que le vôtre est tout déchiré. Dites-vous pour vous ôter toute mauvaise conscience que c'est une compensation légère en regard d'un sermon sur votre mode de vie à 7 heures du matin par un inconnu enragé alors que vous ne l'aviez pas cherché et qu'en plus, vous avez payé pour ça.       

Comments

[Madame F (bis)]

Si vous voulez mon humble avis, l'humeur exécrable de ce mal-embouché était peut-être due au fait que justement, son "plan-drague" de la veille n'avait pas fonctionné...
Vous en avez fait les frais, c'est triste.
Il y a des gens, comme ça, derrière leurs guichets, pour qui vous semblez transparent et qui font passer sans vergogne la personne qui est APRES vous dans la file d'attente. Je suis sûre que cela vous est déjà arrivé...
Quant à ce Grincheux génovéfain (?), il faut espérer que sa vie sentimentale s'améliore... ou qu'il travaille dans les bureaux et non plus au contact de la clientèle s'il se montre aussi grossier que vous le décrivez.
Auriez-vous sans le vouloir attisé sa vindicte par une réflexion qui se voulait aimable et qu'il a mal comprise.....?
Les problèmes de communication sont souvent à l'origine de tout conflit...