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Cayou à Moscou
13 mai 2007

МГУ: mythes et légendes ?

МГУ. Bien que ces initiales ne vous interpellent probablement pas au premier abord, je les ai déjà mentionnées ici (je vous laisse vous rafraîchir rapidement la mémoire). Comme je n'ai évoqué que très brièvement la chose, un petit approfondissement me semble nécessaire avant d'entrer dans le vif du sujet. N'ayez pas peur, ce sera rapide et sans douleur (et je ne suis pas arracheuse de dents).

Tout d'abord, je me dois de vous expliquer la signification de ce sigle: МГУ est l'abréviation de Московский Государственный Университет имени М. В. Ломоносова. Je suppose que vous n'êtes pas beaucoup plus avancés donc je vais mettre à profit mes immenses aptitudes en langue russe. Voici premièrement une transcription en alphabet latin: Moskovskiï Gosudarstvennyï Universitet imeni M. V. Lomonossova. C'est un peu mieux ? Non ? Toujours pas ? Bon, je vous la refais en français: Université d'Etat de Moscou (ou Université Lomonossov). Voilà.

Ce qu'il y a à savoir à propos de MGU, c'est qu'elle est l'autre grande université de Moscou avec BSMTU, cette dernière regroupant la plupart des disciplines techniques et technico-militaires quand l'Université Lomonossov se charge d'à peu près tout le reste, pour faire bref.

L'intérêt de cette université pour l'étudiante-touriste que je suis est en fait sa cité universitaire, située dans le plus haut des 7 gratte-ciel gothiques staliniens. Ce "magnifique" (je cite le site officiel (en français, s'il-vous-plait !) de MGU) bâtiment haut de 240 mètres domine véritablement Moscou puisque ses 36 étages sont assis au sommet de l'un des Monts des Moineaux (Vorobiovy Gory), le Mont Lénine, lui-même point culminant de la cité des tsars avec ses 195 mètres (oui, c'est vrai qu'on est pas dans les Alpes, hein...). On dit que l'intérieur de ce géant de béton serait parcouru par 33 km de couloirs reliant ses quelques 5000 pièces.

Si je voulais faire les choses bien, je devrais vous faire un petit topo sur M. Lomonossov, sur les 7 soeurs staliniennes et sur MGU mais comme j'ai un peu la flemme et que d'autres ont déjà écrit tout ça, je vais me contenter de vous donner des liens que les plus intéressés ne manqueront pas de visiter. Donc, à propos de Mikhaïl Vasilievitch Lomonossov, c'est . En ce qui concerne les 7 soeurs staliniennes, je vous conseille cette page et au sujet de MGU, vous pouvez vous promener ici.

Toutes ces informations étant librement consultables sur Internet, je vais essayer de compléter le tableau avec des éléments que vous ne lirez probablement nulle part (sûrement parce qu'ils ne sont pas très reluisants), à savoir les mythes et légendes liés à cette université, ou plutôt, ceux qui sont rattachés à sa résidence universitaire.

Dernièrement, j'ai eu l'occasion de rencontrer une Française qui étudie à MGU et qui a donc le "privilège" d'être logée dans ce que j'avais appelé "la cité U la plus classe du monde". "De l'extérieur" devrais-je ajouter si j'en crois les fruits de ma discussion (ou plutôt de mon écoute, ma compatriote étant issue de Sciences Po, son objectif premier était principalement d'apprendre la vie aux pauvres et stupides étudiants en technique qui l'entouraient) avec cette demoiselle.

Ainsi, après nous avoir assené l'horrible vérité à propos des babouchkas acoquinées à la Mafia, cette étudiante a développé les bruits plânant autour de la haute silhouette stalinienne de sa cité U tout en les exposant comme des vérités, indémontrables mais indéniablement vraies. Ma crédulité étant en berne ce soir-là, je ne les ai pas prises pour argent comptant. Peut-être y-a-t'il une part de vérité dans ces ouï-dire mais je ne cautionne en aucun cas ce que je vais vous raconter et, en l'absence de toute preuve concrète, je vous transmets le tout comme des éléments faisant partie du folklore local.

Parmi les bruits qui courraient dans les 33 km de couloirs de cette cité universitaire, il y a celui de "tout le monde sait" qu'il y a un réacteur nucléaire souterrain exactement sous la tour. Et puisqu'on est dans la rubrique des "tout le monde sait", il a également "tout le monde sait" que juste à côté du réacteur nucléaire, il y a une station de métro cachée qui côtoie aussi un passage secret qui rejoint les autres tours. Hum. Je vous avouerai que cette partie de l'histoire est celle qui me paraît la moins crédible mais elle est moins glauque que celle à suivre.

Nous sommes 8 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, autrement dit en 1953, et cette tour du Mont des Moineaux voit le jour. Compte-tenu des moyens de l'époque, du gigantisme de l'édifice et des conditions climatiques moscovites, vous vous doutez bien que construire ce colosse ne fut pas chose aisée et la tâche des ouvriers n'a pas vraiment dû être une partie de plaisir (chers amis de la rhétorique, une question me taraude: est-ce une litote ou un euphémisme ?).

C'est là que selon l'étudiante de Sciences Po, l'opportunisme soviétique intervient pour tirer parti des restes de la guerre. Lorsque cette tour naquit, le coeur de quelques prisonniers allemands battaient encore dans les goulags, prisons, camps de Sibérie ou autres clubs de "vacances" forcées de l'époque, ce qui était fort commode pour fournir une main d'oeuvre particulièrement intéressante. En plus de pouvoir la nourrir encore moins bien que les Russes, personne ne se révoltait contre son caractère de main d'oeuvre à usage unique puisqu'après tout, ce n'étaient que de méchants Allemands. La naissance de ce gratte-ciel se fit donc comme prévu dans le sang. Dans une mare de sang allemand en l'occurrence (toujours si j'en crois le récit de ma compatriote). Ce qui, pour Staline et les Russes, était encore moins grave que si ça avait été de l'hémoglobine prolétaro-soviétique qui avait fait rougir l'hideux visage de cette soeur stalinienne.

Un autre avantage de ces ouvriers jetables est que lorsque l'un d'entre eux mourait des causes directes du chantier, de faim ou sous les coups un peu trop prononcés d'un garde soviétique particulièrement zélé, il n'était pas utile d'organiser quelque forme d'obsèques que ce soit. En guise d'inhumation, les corps des malheureux Allemands auraient été simplement jetés dans la bétonnière et inclus dans les murs ou fondations de notre tour stalinienne.

Si ceci est vrai, je vous accorde que c'est comme qui dirait lugubre. Et un tantinet ironique puisque le prestige que Staline voulait pour ses 7 soeurs serait fourré dans ce cas de cadavres allemands. Pas très reluisant, n'est-ce pas ?

Toujours est-il que ces Allemands étaient des êtres humains (ce que les Soviétiques du moment avaient semble-t'il un peu occulté si cette histoire est vraie) et comme les dépouilles de tout homme, elles ont été soumises à la loi de "Tu es né poussière et tu retourneras poussière" en se décomposant sagement dans leur gangue de béton, formant ainsi de dangereuses cavités dans les cloisons et murs porteurs de notre tour stalinienne, ce qui, bien évidemment, fragiliserait la carcasse apparemment inébranlable de ce géant soviétique.

Voilà pour votre petit conte du soir. J'ignore totalement si cette partie de l'histoire est vraie mais elle ne paraît pas impossible bien que complètement macabre. En tout cas, je suis bien contente de ne pas habiter dans cette résidence. M'est avis que si les esprits existent, les 33 km de couloir doivent faire office de limbes pour bon nombre d'âmes allemandes torturées qui hantent probablement les corridors en espérant peut-être trouver le repos un jour.

Edit: désolée pour les coquilles que j'avais laissées, ça m'apprendra à ne pas me relire...

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Commentaires
U
Le, ton récit me passionne toujours autant. Un seul regret : une iconographie absente pour illustrer ces propos magnifiques et instructifs.<br /> <br /> Dans la rubrique "tout le monde sait", perso je ne vois pas pourquoi l'Institut de recherche en physique nucléaire Skobeltsine (http://www.npi.msu.su/) n'aurait pas sur place ou pas loin son 'tit réacteur de recherche ou un machin approchant. Y'a bien un CENG ailleurs ;-) . Je suppute, of course, en extrapolant depuis ce genre de chose : publi (http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=14385674) ou morceau d'inventaire (http://www.iaea.org/inisnkm/nkm/ws/d1/r337.html) mais je ne tiens pas à aller vérifier...<br /> <br /> Pour le reste, on dirait que la mentalité forgée à l'IEP Paris et son expression ne t'agréent point. Ici, au pays, presque tous(tes) nos gouvernant(e)s y sont passé(e)s. Damned, il va en falloir du crépi !
R
Elle est bien bonne, celle-là !<br /> Tu me demandes de pas parler de nourriture because ta gastro pas piquée des hannetons (berckkkk!!!!!) et tu viens me causer de dragées Fuca !!!! Ou c'est de la provoc ou c'est ton inconscient qu'a parlé...<br /> <br /> Pour ta litote-euphémisme, je reviens à ma première impression, c'est une litote.<br /> <br /> litote : dire moins pour faire entendre plus (genre, je ne te hais point, pour, je t'aime))<br /> <br /> euphémisme : adoucissement d'une expression jugée trop crue (genre, il nous a quittés, pour, il est mort)<br /> <br /> J'en déduis donc que j'utilisais à tort l'euphémisme (comme tu t'en doutes, je le place vachement souvent dans mes conversations aux chèvres !!!).<br /> <br /> Quant au doux euphémisme, c'est donc un pléonasme et une expression à la con (là, ce n'est pas une litote !!!)<br /> <br /> Et tes allusions foireuses à mon bouc, y va pas aimer. Il est certes assymétrique, surtout vu de derrière (:-))), mais les chèvres le trouvent très bien.<br /> <br /> Non, je sais bien, tu parlais de mes trois poils au menton, t'es vexante comme fille, tu sais, surtout que t'étais là le jour où je me le suis brûlé en essayant de déboucher le gicleur de la cuisinière. depuis, ça a du mal à repousser...<br /> <br /> Allez à plus et gros poutou grincheux
C
Ah oui, et pour le roquefort, si tu pouvais éviter de mentionner tout ce qui a attrait à la nourriture, ça m'arrangerait parce que je me remets tout juste d'une gastro pas piquée des hannetons.
C
Hello mon rastafari d'amour !<br /> <br /> Bon, ouais, c'est vrai que ça faisait une paye... Je suis une méchante fille. :)<br /> <br /> Pour le titre de film ou de roman, oui, pas mal, il ne reste plus qu'à trouver quoi mettre dedans...<br /> <br /> La chaux, ça coûte cher et Staline n'en avait peut-être pas sous la main.<br /> <br /> Litote ou euphémisme alors ? Je suis toujours en plein doute...<br /> <br /> Quant aux Sciences Po, bah, tu sais bien que j'aime bien taper sur tout le monde. <br /> <br /> Après bon, c'est vrai que des fois c'est intéressant d'écouter ce qu'un Sciences Po a à dire (ça m'a permis de pondre cet note) mais...comment dire...il arrive souvent que leur personnalité soit formellement incompatible avec la mienne. <br /> <br /> Du genre, au bout d'un moment à les écouter, j'ai envie de prendre leur tête et de la frapper très fort contre le mur. Enfin, bon, j'avoue que la composante "je suis super friqué et je le fais bien sentir à tout le monde" est souvent associée au critère Sciences Po et ça contribue probablement un peu à mon allergie... <br /> <br /> En dehors de ça, je précise que je ne pars pas particulièrement avec des a priori vu que pour la demoiselle en question, mon envie de racler sa face sur le crépi est apparue 30 secondes après que je l'aie découverte, soit deux jours avant que j'apprenne qu'elle était de Sciences Po donc voilà. <br /> <br /> Après, je ne connais pas cette fille et peut-être qu'elle est géniale mais bon, moi elle m'a insupportée au premier regard. C'est juste personnel. Et puis, faire des généralités, c'est pas bien donc admettons que je n'aie rien dit sur les Sciences Po. :)<br /> <br /> Pour les connotations Harry Potteresque, conseil d'ami: vérifie la composition de tes dragées Fuca.<br /> <br /> Zoubi poilu (j'ai décidé de me laisser pousser la barbe pour te concurrencer au concours du bouc le plus asymétrique)
R
A peine avais-je catapulté que je me disois soudain : mis non, c'est un euphémisme !<br /> <br /> Hum !<br /> <br /> Au fait, les Sciencespotter, tu donnes pas l'impression de les aimer beaucoup.... Seraient-ils fats, prétentieux, imbus d'eux-mêmes, etc, etc...?<br /> <br /> Pour revenir au gratte-ciel géant, imagine les 33km de couloir et toi, super-héroïne, avec la cape d'invisibilité... Remarque, ça t'arrangerait peut-être pas, because les esprits sont sans doute invisibles aussi, donc, risquerait d'y avoir pas mal de courants d'air inexpliqués...<br /> <br /> Mais je m'égare moi aussi dans les couloirs de mon néo-cortex légèrement envahis par une fumée dont je ne m'explique pas la provenance...
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