МГУ: mythes et légendes ?
МГУ. Bien que ces initiales ne vous interpellent probablement pas au premier abord, je les ai déjà mentionnées ici (je vous laisse vous rafraîchir rapidement la mémoire). Comme je n'ai évoqué que très brièvement la chose, un petit approfondissement me semble nécessaire avant d'entrer dans le vif du sujet. N'ayez pas peur, ce sera rapide et sans douleur (et je ne suis pas arracheuse de dents).
Tout d'abord, je me dois de vous expliquer la signification de ce sigle: МГУ est l'abréviation de Московский Государственный Университет имени М. В. Ломоносова. Je suppose que vous n'êtes pas beaucoup plus avancés donc je vais mettre à profit mes immenses aptitudes en langue russe. Voici premièrement une transcription en alphabet latin: Moskovskiï Gosudarstvennyï Universitet imeni M. V. Lomonossova. C'est un peu mieux ? Non ? Toujours pas ? Bon, je vous la refais en français: Université d'Etat de Moscou (ou Université Lomonossov). Voilà.
Ce qu'il y a à savoir à propos de MGU, c'est qu'elle est l'autre grande université de Moscou avec BSMTU, cette dernière regroupant la plupart des disciplines techniques et technico-militaires quand l'Université Lomonossov se charge d'à peu près tout le reste, pour faire bref.
L'intérêt de cette université pour l'étudiante-touriste que je suis est en fait sa cité universitaire, située dans le plus haut des 7 gratte-ciel gothiques staliniens. Ce "magnifique" (je cite le site officiel (en français, s'il-vous-plait !) de MGU) bâtiment haut de 240 mètres domine véritablement Moscou puisque ses 36 étages sont assis au sommet de l'un des Monts des Moineaux (Vorobiovy Gory), le Mont Lénine, lui-même point culminant de la cité des tsars avec ses 195 mètres (oui, c'est vrai qu'on est pas dans les Alpes, hein...). On dit que l'intérieur de ce géant de béton serait parcouru par 33 km de couloirs reliant ses quelques 5000 pièces.
Si je voulais faire les choses bien, je devrais vous faire un petit topo sur M. Lomonossov, sur les 7 soeurs staliniennes et sur MGU mais comme j'ai un peu la flemme et que d'autres ont déjà écrit tout ça, je vais me contenter de vous donner des liens que les plus intéressés ne manqueront pas de visiter. Donc, à propos de Mikhaïl Vasilievitch Lomonossov, c'est là. En ce qui concerne les 7 soeurs staliniennes, je vous conseille cette page et au sujet de MGU, vous pouvez vous promener ici.
Toutes ces informations étant librement consultables sur Internet, je vais essayer de compléter le tableau avec des éléments que vous ne lirez probablement nulle part (sûrement parce qu'ils ne sont pas très reluisants), à savoir les mythes et légendes liés à cette université, ou plutôt, ceux qui sont rattachés à sa résidence universitaire.
Dernièrement, j'ai eu l'occasion de rencontrer une Française qui étudie à MGU et qui a donc le "privilège" d'être logée dans ce que j'avais appelé "la cité U la plus classe du monde". "De l'extérieur" devrais-je ajouter si j'en crois les fruits de ma discussion (ou plutôt de mon écoute, ma compatriote étant issue de Sciences Po, son objectif premier était principalement d'apprendre la vie aux pauvres et stupides étudiants en technique qui l'entouraient) avec cette demoiselle.
Ainsi, après nous avoir assené l'horrible vérité à propos des babouchkas acoquinées à la Mafia, cette étudiante a développé les bruits plânant autour de la haute silhouette stalinienne de sa cité U tout en les exposant comme des vérités, indémontrables mais indéniablement vraies. Ma crédulité étant en berne ce soir-là, je ne les ai pas prises pour argent comptant. Peut-être y-a-t'il une part de vérité dans ces ouï-dire mais je ne cautionne en aucun cas ce que je vais vous raconter et, en l'absence de toute preuve concrète, je vous transmets le tout comme des éléments faisant partie du folklore local.
Parmi les bruits qui courraient dans les 33 km de couloirs de cette cité universitaire, il y a celui de "tout le monde sait" qu'il y a un réacteur nucléaire souterrain exactement sous la tour. Et puisqu'on est dans la rubrique des "tout le monde sait", il a également "tout le monde sait" que juste à côté du réacteur nucléaire, il y a une station de métro cachée qui côtoie aussi un passage secret qui rejoint les autres tours. Hum. Je vous avouerai que cette partie de l'histoire est celle qui me paraît la moins crédible mais elle est moins glauque que celle à suivre.
Nous sommes 8 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, autrement dit en 1953, et cette tour du Mont des Moineaux voit le jour. Compte-tenu des moyens de l'époque, du gigantisme de l'édifice et des conditions climatiques moscovites, vous vous doutez bien que construire ce colosse ne fut pas chose aisée et la tâche des ouvriers n'a pas vraiment dû être une partie de plaisir (chers amis de la rhétorique, une question me taraude: est-ce une litote ou un euphémisme ?).
C'est là que selon l'étudiante de Sciences Po, l'opportunisme soviétique intervient pour tirer parti des restes de la guerre. Lorsque cette tour naquit, le coeur de quelques prisonniers allemands battaient encore dans les goulags, prisons, camps de Sibérie ou autres clubs de "vacances" forcées de l'époque, ce qui était fort commode pour fournir une main d'oeuvre particulièrement intéressante. En plus de pouvoir la nourrir encore moins bien que les Russes, personne ne se révoltait contre son caractère de main d'oeuvre à usage unique puisqu'après tout, ce n'étaient que de méchants Allemands. La naissance de ce gratte-ciel se fit donc comme prévu dans le sang. Dans une mare de sang allemand en l'occurrence (toujours si j'en crois le récit de ma compatriote). Ce qui, pour Staline et les Russes, était encore moins grave que si ça avait été de l'hémoglobine prolétaro-soviétique qui avait fait rougir l'hideux visage de cette soeur stalinienne.
Un autre avantage de ces ouvriers jetables est que lorsque l'un d'entre eux mourait des causes directes du chantier, de faim ou sous les coups un peu trop prononcés d'un garde soviétique particulièrement zélé, il n'était pas utile d'organiser quelque forme d'obsèques que ce soit. En guise d'inhumation, les corps des malheureux Allemands auraient été simplement jetés dans la bétonnière et inclus dans les murs ou fondations de notre tour stalinienne.
Si ceci est vrai, je vous accorde que c'est comme qui dirait lugubre. Et un tantinet ironique puisque le prestige que Staline voulait pour ses 7 soeurs serait fourré dans ce cas de cadavres allemands. Pas très reluisant, n'est-ce pas ?
Toujours est-il que ces Allemands étaient des êtres humains (ce que les Soviétiques du moment avaient semble-t'il un peu occulté si cette histoire est vraie) et comme les dépouilles de tout homme, elles ont été soumises à la loi de "Tu es né poussière et tu retourneras poussière" en se décomposant sagement dans leur gangue de béton, formant ainsi de dangereuses cavités dans les cloisons et murs porteurs de notre tour stalinienne, ce qui, bien évidemment, fragiliserait la carcasse apparemment inébranlable de ce géant soviétique.
Voilà pour votre petit conte du soir. J'ignore totalement si cette partie de l'histoire est vraie mais elle ne paraît pas impossible bien que complètement macabre. En tout cas, je suis bien contente de ne pas habiter dans cette résidence. M'est avis que si les esprits existent, les 33 km de couloir doivent faire office de limbes pour bon nombre d'âmes allemandes torturées qui hantent probablement les corridors en espérant peut-être trouver le repos un jour.
Edit: désolée pour les coquilles que j'avais laissées, ça m'apprendra à ne pas me relire...